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Smithback se figea, les sens en alerte. Il jeta des regards anxieux à droite et à gauche, tentant de distinguer quelque chose à la lueur de la diode verte. Le silence était total et aucune silhouette ne se précipitait vers lui,

Sam doute un effet de mon imagination, se dit-il. L’endroit aurait donné la chair de poule à n’importe qui.

Il ne pouvait pas rester là éternellement, même si la perspective de quitter l’éclairage ténu du thermostat ne l’enchantait guère. Il lui fallait trouver au plus vite la plateforme de chargement. À en juger par la distance parcourue depuis qu’il s’était introduit dans la cave, il n’était pas au bout de ses peines.

Il attendit cinq bonnes minutes en tendant l’oreille, histoire de s’assurer que la voie était libre, puis il ressortit du local des chaudières et se dirigea vers ce qu’il croyait être l’arrière du bâtiment. La clarté diffuse de la diode s’estompa avant de s’effacer tout à. fait. Il avançait très lentement, ses bras tendus en avant, traînant des pieds afin de ne pas se faire à nouveau mal aux tibias.

Il s’arrêta, croyant entendre un nouveau bruit. Et s’il n’était pas seul ?

Le cœur battant, il attendit. Comme rien ne troublait la paix du lieu en dehors des couinements des rongeurs, il se remit en route.

Ses doigts rencontrèrent un mur de pierres suintant d’humidité, il le longea vers la droite jusqu’à un mur perpendiculaire dans lequel étaient boulonnés les gonds d’une porte en fer. À tâtons, il chercha la poignée et la tourna, mais la, porte refusait de bouger.

Smithback prit sa respiration et tira de toutes ses forces. Inutile.

Dépité, il fit demi-tour en étouffant un juron. Le mur s’arrêtait une vingtaine de pas plus loin, laissant place au vide. Il s’engagea prudemment à travers l’ouverture et s’arrêta, la gorge nouée, en apercevant brusquement une lueur un peu plus loin, au détour d’un couloir. Quelqu’un venait d’allumer une lumière. Ou alors il n’avait pas eu l’occasion de la voir plus tôt.

Smithback s’immobilisa, indécis. Il était convaincu de se déplacer dans la bonne direction et la lumière avait quelque chose de rassurant. À condition bien sûr que personne ne soit en train de l’attendre.

Il avança en rasant le mur et jeta un coup d’œil prudent à l’endroit où le passage faisait un coude.

Le couloir était éclairé par plusieurs ampoules qui pendaient du plafond. Les lampes, très espacées, ne jetaient autour d’elles qu’une faible lueur jaune, mais suffisante pour lui permettre de poursuivre.

Le couloir était désert. Quelqu’un avait dû oublier déteindre la lumière en remontant.

Il s’avança lentement et passa devant plusieurs portes ouvertes sur des pièces plongées dans l’obscurité : une cave à vin dans laquelle s’alignaient des rangées entières de bouteilles et de tonneaux couverts de toiles d’araignée, un débarras où moisissaient des piles de dossiers dans de vieux semainiers en bois, un billard au tapis déchiré... Le bric-à-brac hétéroclite auquel on pouvait s’attendre dans les sous-sols d’une vieille propriété transformée en asile de luxe.

Smithback continua son exploration, rassuré.

Tout se déroulait comme prévu. Il arrivait près du but, l’aire de chargement ne devait plus être loin. Le tout était...

Il avait cru entendre dans son dos des pas étouffés et il faillit céder à la panique.

Il se retourna d’un bloc. Le couloir était vide, du moins dans sa partie éclairée.

Il passa la langue sur ses lèvres sèches.

— Pendergast ? tenta-t-il de dire, mais le mot resta coincé dans sa gorge.

Il était certain à présent d’être suivi. Il le sentait. Mais ça ne pouvait pas être Pendergast...

Il se remit en route, le cœur battant, gêné par la lueur blafarde des ampoules qui projetaient autour de lui des ombres inquiétantes. Il en était sûr. On avait volontairement allumé la lumière pour mieux le traquer.

Un dangereux tueur cherche à vous assassiner. La menace est suffisamment grave pour que je me voie contraint de prendre des mesures exceptionnelles.

Malgré son envie de s’enfuir à toutes jambes, Smithback refusait de se laisser submerger par la peur. Prendre te temps de réfléchir. Trouver un recoin sombre où se cacher. Mais avant toute chose, s’assurer qu’il était bien suivi.

Il s’enfonça dans une poche d’ombre, entre deux ampoules, et pivota soudainement sur lui-même.

Loin derrière, une silhouette noire curieusement emmitouflée se dissimula dans un recoin sombre.

Affolé, Smithback perdit la tête et détala comme un lapin, sans se soucier des obstacles qui auraient pu se présenter devant lut.

Le bruit de bottes qui résonnait dans son dos lui donnait des ailes.

Les poumons en feu, il atteignit en quelques enjambées l’extrémité du couloir au-delà duquel s’étendait un monde inconnu, plongé dans le noir le plus absolu.

Au moment où il s’y attendait le moins, quelque chose de dur et de froid l’arrêta net dans sa course. Une douleur violente lui déchira la tête et la poitrine, des éclairs éclatèrent dans son crâne, et la dernière sensation qu’il eut avant de perdre connaissance fut celle d’une main de fer s’abattant sur son épaule.